Fiche technique
Nom original | Follyfoot |
| le lieu du combat du cheval |
Origine | Royaume Uni |
Année de production | 1971-73 |
Production | Yorkshire Television, Télé-München à partie de la 2ème saison |
Nombre d'épisodes | 3 x 13 épisodes x 25 minutes |
Auteur roman | Monica Dickens |
Réalisation | Michael Apted 3 épisodes, Jack Cardiff 4 épisodes, Desmond Davis 5 épisodes, Gareth Davies 1 épisode, Stephen Frears 4 épisodes, Frederic Goode 2 épisodes, Peter Hammond 3 épisodes, Ken Hannam 1 épisode, Maurice Hatton 1 épisode, David Hemmings 2 épisodes, Vic Hughes 1 épisode, Ian McFarlane 3 épisodes, Gerry Mill 1 épisode, Eric Price 1 épisode, Mike Purcell 1 épisode, Antony Thomas 2 épisodes, Michael Tuchner 3 épisodes, Claude Whatham 2 épisodes |
Production | Audley Southcott |
Scénarii | Christine Bright 1 épisode, Tony Essex 34 épisodes sous le nom de Francis Stevens, Rosemary Gee 1 épisode, Rosemary Anne Sisson 2 épisodes, Audley Southcott 3 épisodes, Jennifer Stuart 1 épisode |
Production délégué | Tony Essex |
Adaptation | Tony Essex |
Direction artistique | Ray Berger 1 épisode, Howard Dawson 5 épisodes, Christine Kinder 18 épisodes, Mike Long 2 épisodes, Geoffrey Martin 39 épisodes |
Direction photographie | Peter Jackson (3) |
Musiques | Trevor Duncan 2 thèmes, Dennis Farnon 7 thèmes, Robert Sharples 4 thèmes |
Adaptation française | Jean Redot |
Générique | Francis Essex écrit et composé sous le nom de Steven Francis, The Settlers interprétation |
Synopsis
En 1971, Dora, une jeune fille anglaise de dix-sept ans ayant passé la plus grande partie de sa jeunesse en internat, et pour cause son père est diplomate, voit encore ses parents quitter l'Angleterre pour le Brésil, et ce pour une durée d'une année. Il est alors convenu qu'elle séjournera jusqu'à leur retour chez son oncle, le « colonel » Geoffrey Maddocks, en son manoir qu'il occupe près de la ferme Follyfoot qu'il exploite à sa manière... Se sentant une fois de plus rejetée par ses parents, elle erre comme une âme en peine autour de la propriété de son oncle jusqu'à ce que ce dernier l'invite à visiter la ferme qu'il dirige, celui-ci ayant fait de ce domaine un lieu de repos et d’accueil pour des chevaux ayant été maltraités ou étant dans quelque autre situation périlleuse. En découvrant cela, Dora se trouve alors un but, celui de participer à cette action reflétant la bienveillance du colonel pour l'animal mais aussi ses semblables.
Dora fait alors la connaissance des quelques personnes employées aux soins des chevaux et au maintien de l'exploitation. Elle se lie ainsi d'amitié avec le jeune Ron Stryker, plus motard à l'esprit libre que palefrenier, mais venant régulièrement travailler à la ferme, et appréciant cela même s'il ne le montre pas trop au début (c'est le père de Ron qui a demandé au colonel de prendre son fils et de lui proposer ce travail pour éviter qu'il ne traine trop avec l'une de ses connaissances peu recommandable, Lewis Hammond, membre du gang de voyous les Night Riders). Il y a aussi Slugger qui travaille depuis plus de vingt années pour le colonel, gérant l'entretien des écuries et des autres parties du domaine, et qui de fait occupe un logement au sein de la ferme. D'un premier abord bourru, il est plutôt attentionné et malgré le côté un peu « garnement » de Ron, il l'apprécie beaucoup et cela est réciproque.
Lors du premier épisode, peu après son arrivée à la ferme, Dora fait également la connaissance de Steve Ross, jeune homme qu'elle rencontre près d'une exploitation agricole voisine alors qu'elle monte un cheval. Elle est ainsi témoin d'une scène où les Night Riders malmènent les chevaux de cette ferme où travaille alors Steve, celui-ci s'interposant afin de protéger les animaux des hommes. Malheureusement, deux chevaux ont été blessés lors de ce stupide acte de violence et ne pouvant être soignés, on doit les abattre. Bien que Dora témoigne en sa faveur, Steve est tout de même soupçonné de faire partie des délinquants ayant mené cette agression et il est finalement renvoyé de l'emploi qu'il occupait. Mais, fort heureusement, le colonel croyant les dires de Dora et ayant confiance en Steve, il l'engage à la ferme Follyfoot où une chambre lui est préparée au dessus des écuries. Steve va alors pleinement vivre et travaillé avec Dora et Slugger, ainsi que Ron et le colonel.
Après quelques aventures où plusieurs chevaux – de cirque, de charretiers, de mineurs ou autres chevaux abandonnés, volés ou maltraités – ont pu être aidés à vivre mieux, la fin de la première saison se termine avec, au pied de l'arbre foudroyé, une Dora éprouvée par la tristesse de voir partir Steve auquel elle s'est attachée sentimentalement, celui-ci devant quitter un temps Follyfoot pour Liverpool afin de rechercher sa mère qu'il n'a pas vu depuis des années et qui a des ennuis avec les autorités pour des problèmes de dettes. Il reviendra à la ferme dans le deuxième épisode de la saison suivante, déçu par son excursion et ses retrouvailles, et les aventures se poursuivront avec encore plusieurs chevaux qui seront sauvés de tristes sorts.
Au cours de cette deuxième saison, le fort lien naissant entre Dora et Steve s'accentue, mais leur amour sera quelque peu contrarié par certains sentiments : Steve est le fils d'un mineur et Dora est la fille d'une famille aisée et son côté rêveuse et éthérée entre parfois en conflit avec l'esprit réaliste de Steve. La fin de cette saison est également marquée par des problèmes de santé du colonel qui doit garder la chambre afin de se soigner. Dans le même temps, les parents de Dora de retour sont prêts à la reprendre, mais Dora n'a pas envie de les suivre – malgré leur absence qu'elle a pu leur reprocher par le passé – puisque son désir est de vivre ce qu'elle vit à ce moment-là à la ferme, cette existence lui procurant un certain sentiment de réconfort où elle se sent vraiment exister et utile.
Le colonel encore quelque peu souffrant confiera alors à Dora, malgré sa jeunesse, la gestion du domaine, ce qui entrainera lors de la saison ultime suivante quelques conflits entre la jeune femme et Steve. Ils seront notamment en désaccords quant à certains points comme lorsque Dora désire agrandir les écuries alors que Steve pensent qu'il faudrait quand la place vient à manquer envoyer des chevaux dans une autre ferme. A partir de ces petites oppositions, leur amour naissant commence à souffrir et s'effriter, et leur relation ne tient presque plus que par le travail qui les unit encore en tant qu'employeur et employé.
Quant aux derniers instants de l'histoire, ils sont tels des points de suspensions dansant autour du jeune couple, et l'on ne sait si Steve va quitter la ferme comme Dora le lui a demandé, où s'il va resté après qu'il le lui ai prié et que le regard empli de mélancolie de Dora a, semble-t-il, montrer un léger acquiescement avant de fondre en larmes auprès, une nouvelle fois, du vieil arbre foudroyé...
Commentaires
A une certaine époque de la télévision de par le monde, nombre de séries animalières pour un public familial furent produites. Ainsi, à l'instar des Lassie, Flipper, Skippy le kangourou et autre Vagabond, le cheval – s'il est un animal déjà très présent au cinéma comme figurant en des films historiques et des westerns, ou en quelques exceptions en un personnage principal comme dans les films Crin Blanc d'Albert Lamorisse et Le Cheval venu de la mer de Mike Newell –, sera parmi les animaux a connaître quelques succès : citons pour les plus célèbres issus d’œuvres littéraires maintes fois adaptées Mon ami Flicka de Mary O'Hara et L'Etalon noir de Walter Farley. La série Follyfoot fait bien évidemment partie de ce genre ayant mis les équidés en scènes telle celle produite dans la foulée l'année suivante, à savoir Prince Noir – libre adaptation du roman Black Beauty (1877) d'Anne Sewell, classique de la littérature jeunesse – qui connaîtra en France une plus grande renommée avec plusieurs rediffusions jusqu'à celles de Canal J dans les années 90, et même une édition DVD alors que Follyfoot, quoiqu’ayant laissé un joli souvenir télévisuel, n'aura pas été au-delà de deux diffusions dans les années 70 sur TF1.
N'oublions pas toutefois une autre diffusion française de Follyfoot, celle de la télévision québecoise où la série fut diffusée en 1973, le jeudi à 18h00, sous le titre Les Chevaux du soleil (à ne pas confondre avec l’œuvre éponyme de Jules Roy également adaptée en feuilleton télévisée en 1980) et exposée sur Radio-Canada en différentes stations : CBFT 2-SRC Montréal et CBVT 11-SRC Québec (rediffusée en matinée en 1976 et 1978 : CBFT 2-SRC Montréal / CJBR 3-SRC Rimouski / CKRT 7-SRC Rivière du Loup / CBGAT 9-SRC Matane / CBVT 11-SRC Québec). On ajoutera que du côté de l'Allemagne où elle fut fort appréciée (la série fut coproduite à partir de la 2ème saison avec Tele-Munich /Tele München et diffusée sur la ZDF en 1973-74, 1975, 1977 et 1979), elle était annoncée dans certains programmes français sous le titre « La Ferme Follyfoot » d'après le titre Die Follyfoot-Farm.
Lors de la diffusion québécoise, la chanson du générique original d'ouverture et de fin The Lightning Tree (L'arbre foudroyé) interprétée évidemment en anglais par le groupe pop-folk The Settlers (Cindy Kent, Mike Jones, John Fyffe, Geoff Srdzinski) était chantée avec des paroles écrites en français devenant ainsi L'Arbre de vie (il semble, du moins essentiellement à l'écoute et sans aucune information à ce sujet, que cette version en français a pu être interprétée par les Settlers eux-mêmes). Cette chanson fut écrite et composée par Steven Francis alias Francis Essex (1929-2009), frère de Tony Essex (1925/26?-1975), le producteur et scénariste de la série. Francis Essex signa Steven Francis (Steven étant le prénom de son fils) pour cet ouvrage destiné à ITV car il travaillait à cette époque à la programmation d'ATV, chaîne concurrente.
L'introduction de la chanson rappelle, si l'on se prête à ce rapprochement, au second indicatif de l'émission radiophonique Radioscopie composée en 1972 par Georges Delerue (on peut lire parfois que cette composition marquant de son empreinte l'émission de Jacques Chancel est issue de la bande originale du film >Le Cerveau de Gérard Oury sous l'intitulée « Grande Valse » alors qu'il n'en est rien).
A propos également dudit arbre évoqué par la chanson et qui orne le générique de sa présence, et pour la petite histoire, il fut planté dans la cour de la ferme et ce devait d'être un arbre mort puisque foudroyé, mais il devait encore resté un peu de vie à l'arbre qui fut alors installé puisque des bourgeons apparurent suivis par des feuilles qui parvenaient encore à y pousser ce qui obligeait la production à les cueillir lorsqu'une scène devait inclure dans son espace ledit végétal. A cet égard, nombre de situations se dérouleront dans son périmètre, et les personnages quand ils passent près de lui, et s'ils ont un sot d'eau en mains, se doivent de l'arroser en ses racines car le colonel pense qu'il peut refleurir un jour et que ce geste peut en quelque sorte leur porter bonheur.
Parmi également les thèmes musicaux emplissant de mélancolie la série, on évoquera « The Parting » (La séparation) de Dennis Farnon (1923-) qui, outre sa texture un peu à la Ennio Morricone, a quelque affinité avec la composition « Emmanuel » – issu de l'album Wings – que Michel Colombier composa en 1971 en hommage à son enfant décédé à l'âge de 5 ans et qui fut utilisée par la suite pour l'ouverture et la fermeture d'Antenne 2 avec Les Hommes volants de Folon de 1975 à 1983. Les compositions de Dennis Farron – il signa en 1964 la musique de la série de documentaires de Tony Essex sur la Grande Guerre – marquent une grande partie de la série en soulignant cet état de tristesse chez Dora qui semble en permanence émané de sa personne. A l'opposé, les quatre thèmes « Follyfoot Suite » de Robert Sharples (1913-1987) sont beaucoup plus enjoués reflétant le bonheur simple de vivre dans cette ferme. Quant au thème romantique « Meadow Mist » de Trevor Duncan (1924-2005) qui rappelle légèrement la musique de Franz Waxman sur Une place au soleil (1951) de George Stevens, il a été composé en 1954 et est de fait réutilisé pour la série (Trevor Duncan a également composé en 1962 la musique de La Jetée de Chris Marker).
Petite curiosité, entre la 2ème et 3ème saison de Follyfoot, le comédien Steve Hodson a enregistré une chanson intitulée Crystal Bay (janvier 1973), agréable ballade signée par Billy Laurie et Maurice Gibb (1949-2003, membre du célèbre groupe Bee Gees), ce dernier étant alors en fin de mode Bloomfields, expérience vocale qui restera sans suite pour le comédien malgré son interprétation de qualité.
Concernant les deux diffusions en France légèrement évoquées plus haut, une seule semble avoir présenté la série dans son intégralité, à savoir celle sur TF1 dans Les Visiteurs du Mercredi à partir de janvier 1976, vers 16h30, alors que la précédente diffusion dans La Une est à vous sur la 1ère chaîne de l'ORTF en 1973/74 ne proposa, dans la catégorie « Pour les jeunes », qu'essentiellement la 1ère saison composée de 13 épisodes (au lieu des 39 épisodes que comporte l'ensemble des 3 saisons qui font la série). N'ayant pas trouvé d'extraits de cette diffusion française qui débuta par ailleurs en septembre 1973 comme au Québec, et n'ayant pas de souvenir quant à celle-ci (bien que le rédacteur de cette fiche en fut un jeune téléspectateur de 7 ans), on peut s'interroger si il y eut une seule version en langue française (si cela était le cas, alors nous aurions eu en France le générique chanté en français, ce qui est établi pour le Québec). On notera encore que le titre français était orthographié « Fooly Foot » dans certaines publications présentant les programmes télévisés telle Télé Poche.
Cette série produite pour le public des adolescents et diffusée en Angleterre durant les étés 1971 1972 et 1973, au ton beaucoup plus sentimental et vague à l'âme que Prince Noir destinée à des enfants un peu moins âgé, était une libre adaptation du roman pour adulte Cobbler's Dream (1963) de l'écrivaine Monica Dickens (1915-1992), arrière-petite-fille du célèbre Charles Dickens. En cet ouvrage, l'autrice décrivait les mauvais traitements humains infligés aux animaux et particulièrement aux chevaux au 20ème siècle : elle s'inscrivait de fait dans la continuité du récit d'Anna Sewell quant à la condition animale au sein du monde humain. En parallèle de la production télévisée, Monica Dickens décida de donner une suite à son roman en l'adressant cette fois-ci à la jeunesse comme à celle dont la série était destinée. Elle signa ainsi quatre volumes consacrés à la ferme salvatrice publiés en 1971, 1972, 1975 et 1976.
Au contraire de son bisaïeul, peu de ses écrits qu'ils soient pour adultes ou enfants ont été traduits en France (on notera : La Meilleure des bonnes / One Pair of Hands aux éditions Julliard en 1951, Mon bel ange / The Angel in the Corner chez Gallimard en 1958). Toutefois et probablement dans la foulée et l'influence de la série télévisée encore présente sur les petits écrans de l'Hexagone, le premier volume intitulé telle la série a eu la chance de se voir publié et traduit en français en 1975 aux éditions Hachette, ce sous le titre Le Ranch de Follyfoot dans la collection Idéal-Bibliothèque.
La série a bénéficié du savoir faire de grands noms du cinéma britannique quant à sa réalisation puisque le directeur de la photographie et réalisateur Jack Cardiff (1914-2009, Le Lion, Les Drakkars, Le Dernier train du Katanga) et Desmond Davis (Le Choc des Titans, Témoin indésirable) en dirigèrent quelques épisodes, de même que de futurs metteurs en scène de renom : Michael Apted (Gorky Park, Gorille dans la brume, Cœur de tonnerre) et Stephen Frears (Les Liaisons dangereuses, The Hi-Lo Country, High Fidelity), ainsi que David Hemmings (1941-2003) alors célèbre en tant que comédien (Blow Up, Camelot) et qui justement jouera dans un épisode, le 35ème de la série, où Dora aura quelques sentiments pour son personnage.
A propos des comédiens, on soulignera la présence de Desmond Llewelyn (1914-1999) dans le rôle du colonel Geoffrey Maddocks, son visage étant alors pleinement associé à la saga des James Bond dans laquelle il jouait Q depuis 1963 avec Bons baisers de Russie, ce qu'il fera jusqu'en 1999 avec Le Monde ne suffit pas, à l'exception toutefois de Vivre et laisser mourir en 1973 puisqu'il était alors occupé à jouer dans Follyfoot. Au sujet encore de James Bond, Bernard Lee (1908-1981), le comédien qui interpréta M de 1962 à 1979, participa au dernier épisode de Follyfoot.
Quant à Gillian Blake (Dora Maddocks) et Steve Hodson (Steve Ross) aux carrières télévisuelles assez peu fourni, mais qui ici ont interprété leur rôle avec une sensibilité naturelle face à la complexité des caractères illustrant leur personnage, ils n'ont semble-t-il pas réapparu par la suite sur le petit écran en France. On notera tout de même pour Arthur English (1919-1995, Slugger Jones) sa forte présence dans la série Les Fantômes du château (1976-78) de Richard Carpenter (créateur de la série Prince noir) partiellement diffusée en octobre/novembre 1980 vers 17h00 dans Les Visiteurs du Mercredi (diffusée deux ans plus tôt sur Radio-Canada). Pour Christian Rodska (Ron Stryker), qui comme Steve Hodson a travaillé de sa voix sur de nombreux enregistrements sonores, on a pu le voir en France plus récemment dans de grandes productions cinématographiques comme John Rabe en 2009 et Monuments Men en 2014, ainsi qu'en une adaptation télévisée d'Oliver Twist réalisée en 1985 par Gareth Davis à qui l'on doit la mise en scène d'un épisode de Follyfoot, le jeune héros de Dickens étant interprété par le fils de Christian Rodska, né de son union avec son épouse française prénommée Jacqueline.
Tony Essex, le producteur délégué de la série avait précédemment travaillé avec le metteur en scène Stephen Frears, mais aussi Ian McFarlane (1937-2005) et la scénariste et productrice Audley Southcott (1926-2005), tous trois très présents sur Follyfoot, ce dans la précédente série qu'il produisit Tom Grattan's War (1968-70, 26 épisodes, inédite en France) destinée à la jeunesse malgré son thème sur la guerre (la vie d'un jeune garçon de 15 ans du Yorkshire lors de la Première Guerre mondiale, jeune homme comme l'était Tony Essex à l'époque de la Seconde Guerre mondiale), genre dont il s'était fait en quelque sorte une spécialité en produisant deux séries de documentaires The Great War (1964, 26 épisodes, sur la Première Guerre mondiale) et The Lost Peace (1966, 13 épisodes, sur l'entre-deux-guerres), ainsi que le film documentaire 1940: A Reminiscence by J.B. Priestly (1965) sur les postscripts radiophoniques et de propagande anglaise du romancier, dramaturge, essayiste et scénariste John Boynton Priestley (1894-1984), postscripts qui se devaient alors de combattre la propagande allemande mais qui aussi se permettaient d'être critique envers le gouvernement anglais.
Cette production fut ainsi conçue par Tony Essex qui signa scénaristiquement la plupart des épisodes de la série sous le nom de Francis Stevens (nom d'artiste inversé de son frère qui est également réalisateur, producteur et compositeur évoqué plus haut). Il développa l'histoire de cette ferme, lieu d'élevage et de vie, et refuge pour les chevaux souffrant de maltraitance ou victimes de circonstances, comme également un lieu protecteur pour les jeunes gens s'y trouvant sous la bienveillance du colonel. Aussi Dora et Steve, dont les parents respectifs ont été peu présents durant leur enfance, sont comme les chevaux auxquels ils prodiguent soins et attention, et c'est en ce sens qu'ils trouvent un sens à ce qu'ils font sur des animaux alors que leur propre parents ne l'ont que peu fait sur leur enfant. Au travers des soins et de l'amour apportés aux chevaux leur insufflant une renaissance, on assiste aussi à une autre naissance, celui des sentiments amoureux entre Dora et Steve, relation qui s'égrènera par petite touche tout le long de la série avec parfois quelques larmes...
Notons encore que par rapport aux séries animalières classiques évoquées en introduction de ces commentaires, et dont de fait elle diffère sensiblement, l'animal ici n'est pas présenté comme un héros, déjà de fait car chaque histoire met en perspective au moins un cheval différent, et de plus il y est traité et filmé de manière réaliste. La présence de l'animal et sa souffrance est de même ici sujet à aborder également diverses afflictions humaines tout en évoquant au travers de certains personnages, enfants compris, des conditions sociales parfois difficiles marquées par la pauvreté. En ce sens, Tony Essex a conçu cette série pour la jeunesse et plus particulièrement pour les adolescents tout en désirant s'adresser à un large public en y dessinant un monde relativement réaliste.
Pour divertir de quelques amusants échanges et apporter un peu de légèreté à des histoires non dénuées de gravité, les personnages de Ron et Slugger marquent de leur présence en se taquinant souvent dans la joie et la bonne humeur. Ils représentent aussi un lien entre les générations et si Slugger expose une certaine sagesse, Ron en est quelque peu son opposé, toujours prêt à s'amuser de tout, et au guidon de sa moto Triumph Tiger qu'il a affublé de deux longs rétroviseurs, il entre le plus souvent en trombe dans la ferme en fonçant dans la barrière entrouverte, ce faisant ensuite gentiment sermonner, ce qu'il apprécie beaucoup.
C'est sur une idée de Tamara Essex, fille de Tony Essex alors âgée de treize années, que le nom de la ferme Follyfoot a été emprunté au nom du village Follifoot (le lieu du combat du cheval) étant proche des terres où fut tournée la série, à savoir dans la ferme Hollin Hall dans le domaine de Harewood situé dans le Yorkshire du Nord, non loin d'ITV (Yorkshire Television) à Leeds (Yorkshire de l'Ouest) qui produisait la série. Monica Dickens utilisera évidement ce nom pour le premier volume jeunesse titré tout simplement comme la série – Follyfoot – et qui fait en quelque sorte suite à son roman Cobbler's Dream. Ainsi, les deux formes littéraire et télévisuelle ont été créées dans le même temps, Tony Essex, en faisant preuve de création tout en se basant sur le roman qui s'écrivait alors, et vice-versa.
La série Follyfoot fit ainsi partie d'un désir de la télévision britannique de sortir des studios, et notamment de créer des histoires mises en scènes au cœur de fermes comme précédemment la série irlandaise The Riordans (1965-79) et la série anglaise qui suivra en 1972, et qui est encore en cours de production en 2017 Emmerdale Farm.
Tony Essex meurt deux ans après la fin de la série, à 49 ans, des suites d'une attaque cardiaque, en mai 1975, alors qu'il se réinstallait temporairement avec sa famille à Londres après avoir séjourné en Australie afin de produire sa dernière fiction Luke's Kingdom. Cette coproduction anglo-australienne mettait en vedette Oliver Tobias, acteur qui deux ans plus tôt était le héros d'Arthur, roi des Celtes, série qui lors de sa diffusion en 1973 dans La Une est à vous était parfois opposée à Follyfoot.
La fin de Follyfoot est donc restée ouverte – même si l'on peut interpréter selon sa sensibilité les expressions des regards des personnages lors des dernières scènes – et l'on ne saura jamais ce qu'il en a résulté de ce début de relation entre Dora et Steve, si ce n'est une certaine souffrance et si au-delà de celle-ci ils ont continué à œuvrer à la maintenance de la ferme, et de fait ce qu'il en a découlé pour le domaine accueillant les chevaux. Selon Tamara Essex, son père ne désirait pas allonger encore cette histoire d'autres saisons pour ne pas perdre en qualité ce qui avait déjà été produit. Toutefois, il était plus ou moins prévu de produire une fin à l'aventure sous la forme d'un téléfilm, du moins Tony Essex en avait déjà écrit un scénario. Mais sa mort mettra un terme à ce projet et, malgré un dernier livre écrit par Monica Dickens en 1976 où elle ne développe pas plus que cela la relation amoureuse, la conclusion que beaucoup auraient aimé connaître ne vit pas le jour. Malgré cela, reste le sentiment d'avoir été les téléspectateurs d'une œuvre particulière ayant baigné les esprits dans un halo d'émotions nimbé d'une douce mélancolie découlant du regard d'une jeune femme...
En 2011, pour marquer le 40ème anniversaire de la série, outre l'organisation à Leeds d'un petit rassemblement de quelques anciens membres de l'équipe se réunissant pour le plaisir d'avoir participer à un tel programme qui fut alors beaucoup apprécié, un livre a été publié signé par Jane Royston qui, en 1971, âgée de ses 23 années, a eu en charge la direction de la prise en charge et du dressage des chevaux sur la série, ce après une première expérience sur la précédente série de Tony Essex Tom Grattan's War où déjà, de par son savoir équidien, elle a aidé l'actrice principale à monter à cheval. C'est par ailleurs Jane Royston qui, lors d'un entretien avec Tony Essex lui demandant si elle connaitrait un endroit approprié pour la nouvelle série qu'il préparait, que celle-ci lui suggéra la ferme abandonnée de Hollin Hall dans le domaine de Harewood, lieu qu'elle connaissait bien tout simplement pour l'avoir découvert lors de ses balades en bicyclette à moins que ce ne fut lors d'une promenade à cheval. Hollin Hall fut alors totalement rénovée comme une véritable exploitation pour devenir Follyfoot Farm.
La série a été éditée en DVD au Royaume-Uni en 2007 ainsi qu'en Allemagne en 2010. En France hélas, elle est encore oubliée et sa dernière diffusion d'il y a 40 ans en 1976-77 semble bien éloignée...
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