Le Bonhomme de Neige

Fiche technique
Nom originalSnehulák (Sněhulák)
Le Bonhomme de Neige
OrigineTchécoslovaquie
Année de production1966
ProductionKrátký Film Praha as, Filmové Studio Gottwaldov
Durée9 minutes
RéalisationHermína Týrlová
ScénariiHermína Týrlová
Direction de la productionKarel Hutěčka
AnimationJindřich Liška, Jan Čapoun collaboration, A. Horáková collaboration
Direction du sonFrantišek Strangmüller
DécorsVáclav Dobrovolný, Ludvík Kadleček
MontageAntonín Štrojsa
Direction photographieAntonín Horák
MusiquesZdeněk Liška
Diffusions
1ère diffusion hertzienne30 décembre 1975 (TF1 - Pour les jeunes « Ballade animée de Noël »)
Rediffusions25 décembre 1978 (TF1 - « Ballade animée de Noël »)
31 décembre 1984 (Antenne 2 - Récré A2)
Synopsis

Un petit garçon et son petit chien jouent avec leur ami le bonhomme de neige, celui-ci venant de prendre vie juste après avoir été couvert d'une écharpe par le jeune enfant. Le trio s'amuse ainsi dans la bonne humeur et une chaleureuse camaraderie entre une bataille de boules de neige et la poursuite d'un oiseau ayant attrapé l'écharpe du bonhomme de neige.

Mais alors qu'exaltés par la joie d'être ensemble, courant chacun un peu en tous sens et avec insouciance, le petit garçon qui s'amuse à glisser sur la surface gelée d'un petit lac, tout en sautant par dessus un trou dans la glace, finit par tomber à l'eau sans réussir à remonter à la surface puisqu'il a rapidement perdu connaissance. Fort heureusement, le petit chien témoin de la scène va de suite chercher le bonhomme de neige qui, étant un peu plus loin, n'a pas vu la chute de l'enfant dans l'eau glacée. Par bonheur, le bonhomme de neige parvient à extraire son jeune ami de l'élément liquide, mais ce dernier est si froid qu'il a quelque peu gelé le petit garçon recouvert d'une fine couche de glace. Pour réchauffer l'enfant et lui faire reprendre ses esprits, le bonhomme de neige à l'idée de gonfler un peu plus le ballon que le petit garçon lui a donné au début de l'aventure : tenant d'une main ce qu'il a transformé en quelque sorte en aérostat, il se met dès cet instant à s'élever dans les airs jusqu'à atteindre la couche de nuages recouvrant entièrement le ciel et dans laquelle il fait une petite brèche pour ainsi laisser passer quelques rayons du Soleil jusqu'à l'enfant. Puis ce dernier, réchauffé et remis sur pied, lance de suite avec son sauveur quelques boules de neige dans les nuages de cristaux, en direction de l'ouverture, afin de la refermer pour de fait conserver le temps qui convient à un hiver blanc et à ceux qui en sont nés.

Hélas, peu après, malgré le colmatage, le Soleil parvient tout de même à rouvrir l'entaille céleste. Aussi, avant que l'atmosphère ne se réchauffe un peu trop, et voyant le bonhomme de neige faiblir sous les rayons de l'astre l'atteignant, le petit garçon gonfle le ballon un peu plus encore qu'il ne l'a été et le donne à nouveau à son ami. Le bonhomme de neige s'envole alors, ayant juste le temps d'adresser à son sauveur qu'il a lui-même sauvé un signe d'adieu, et il s'éloigne cette fois-ci tellement qu'il finit par arriver en une région du globe au blanc manteau où il ne craint pas de fondre, et ce malgré un Soleil beaucoup plus bas mais toutefois recouvert d'une ceinture de glace l'empêchant d'user ici de ses rayons. Ce lieu où le bonhomme de neige vient d’atterrir et où il va pouvoir vivre dorénavant sans s'inquiéter de la chaleur, c'est l'Antarctique, et il s'y fait rapidement de nouveaux amis, une colonie de manchots l’accueillant joyeusement.

Commentaires

Dans le cinéma d'animation tchèque usant du volume pour prendre forme à l'écran, ce qui représente une grande partie du cinéma d'animation du pays de la Bohême et de la Moravie, il est une femme qui aura créé une œuvre d'une délicieuse inventivité au travers d'une merveilleuse imagination. Celle-ci, Hermína Týrlová (1900-1993, considérée comme la mère de l'animation tchèque), n'a eu de cesse de proposer à la jeunesse de charmants ouvrages, ce avec près de soixante-dix métrages qu'elle réalisa et où elle désirait avant tout que leur contenu apporte à leur vue un peu de bonheur et de joie de vivre. Elle conçut ainsi toujours avec une grande douceur chacun de ses films, même avec parfois des personnages inquiétants comme le cerf-volant dans le court-métrage Le Petit ballon Flícek / Mícek Flícek en 1956 ou plus encore avec La Révolte des jouets / Vzpoura hracek en 1946 (ressorti en France au cinéma en avril 2018 grâce à Malavida), ce dernier évoquant le nazisme en « mêlant » comme auparavant le Gulliver de Poutchko acteurs en prise de vue réelle et marionnettes en stop-motion, ce qu'elle fera encore sur quelques autres courts-métrages avec de jeunes enfants et justement quelques mois avant cette « révolte » au travers de son encouragement envers l'un des futurs grands noms du cinéma tchèque, le nommé Karel Zeman qui réalisait alors en 1945 son premier film Rêve de Noël (il s'agissait en fait de la seconde version de ce film dont la première fut réalisée un an plus tôt par Hermína Týrlová elle-même avec Karel Zeman pour assistant, première version qui fut hélas détruite lors des bombardements de Zlín où se trouve le Filmové Studio Gottwaldov (Gottwaldov étant le nom donné à la ville de Zlín durant l'ère communiste), cela affectant moralement la réalisatrice au point d'être hospitalisée pour prendre du repos et laisser Karel Zeman refaire ce qui avait été défait).
Elle apposa ainsi son style empli d'une chaleureuse humanité, que cela soit pour le sujet ou son traitement scénaristique et émotionnel, créant des histoires sur lesquelles elle usa d'une grande diversité de matériaux : notamment avec des marionnettes de type classique comme celles dans la tradition tchèque avec le court-métrage Le Petit gardien de porcs ou Le Petit porcher / Pasácek vepru (1958) d'après un conte de Hans Christian Andersen (dont quelques images rappellent très légèrement certains points du scénario de Prince Bayaya de Jirí Trnka, celui-ci ayant justement illustré des contes d'Andersen dont celui de la princesse et du petit porcher), et aussi d'autres variétés en ces marionnettes comme celles de son court-métrage Kalamajka (1957) reposant sur des motifs traditionnels hongrois et ukrainiens, animant même des objets eux-mêmes comme dans La Boîte à tricot ou Les Deux pelotes / Dve klubícka (1962) où c'est tout le contenu d'une boite à couture qui prend vie avec deux pelotes de laine se transformant en un petit couple de figurines humanoïdes, jusqu'à devenir telle une orfèvre en la matière dans l'animation de personnages et l'espace les entourant n'étant fait que de laine comme dans le court-métrage Le Bonhomme de Neige en 1966 dont les décors ainsi que les éléments reposant sur le vent sont comme les figurines composés de laine.

On ajoutera encore que l'un des grands succès de Hermína Týrlová fut son adaptation de Ferda la fourmi / Ferda Mravenec en 1943 (sa première réalisation d'un court-métrage après une dizaine d'années à travailler sur l'animation de films publicitaires) d'après l'œuvre séquentielle et littéraire éponyme pour la jeunesse de son compatriote Ondrej Sekora (1899-1967). Pour ce personnage plein d'énergie et de débrouillardise et au foulard rouge à petit pois blanc autour du cou, elle concevra trois suites en 1977 dont celle de Ferda aide ses amis : ces trois courts-métrages ont été édités en DVD en 2017 chez Malavida sous l'intitulé « Les Nouvelles Aventures de Ferda la fourmi », l'éditeur proposant dans le même temps (alors que déjà traduit en d'autres pays comme la Chine et le Japon) la première traduction française du premier livre sur Ferda de Ondrej Sekora, et ce 90 ans après que l'auteur eut justement créé ce personnage lors de deux longs séjours à Paris en tant que journaliste entre 1923 et 1928 pour le Lidové noviny (Le Journal du peuple). En France, entre 1985 et 1996, de jeunes téléspectateurs ont pu découvrir ce personnage au travers d'une autre adaptation de ce petit monde des insectes avec la série germano-britannique Ferdy la fourmi.
Parmi les nombreux ouvrages qu'il illustra et justement dans une de ses spécialités, celle de l'entomologie (avec le rugby qu'il découvrit en France), on notera encore que Ondrej Sekora dessina en 1940 – un an avant qu'il ne soit contraint de suspendre ses activités professionnelles – les aventures de Lucas et Lucie en une énième réédition de l'oeuvre de Jan Karafiát. Il créa également dans son petit monde des insectes les aventures de Pytlík le coléoptère (Coléoptère Petit sac) que Hermína Týrlová adapta aussi juste après avoir réalisé le trio de courts-métrages de Ferda.

Concernant Le Bonhomme de Neige, ouvrage sans paroles comme quasiment toute l'oeuvre cinématographique de l'artiste (sauf quelques exceptions), cela étant aussi une caractéristique du cinéma d'animation tchécoslovaque, dès l'apparition du titre du court-métrage, les notes de musique se font cristallines alors que le titre lui-même fond en flocons de neige sur la première image de l'histoire. Celle-ci présente par ailleurs au côté du bonhomme de neige qu'il couvre d'une écharpe, le petit personnage fait de laine bleue représentant comme un petit garçon déjà vu deux ans auparavant dans un autre court-métrage de Hermína Týrlová, à savoir Conte de fée sur un fil / Vlnená pohádka (1964), ce petit garçon étant lui aussi quelque peu ennuyé par le soleil et ses rayons forts brûlants. A cet égard, les effets sonores et les compositions musicales que l'on pouvait entendre dans Le Bonhomme de Neige ainsi que dans Conte de fée sur un fil, et que l'on doit au même compositeur tchèque et marquant pour l'un des courts-métrages un paysage glacé et pour l'autre un désert torride, rappellent les sonorités et les expérimentations électroniques composées par Louis et Bebe Barron qui accompagnèrent le fameux long-métrage états-unien de science-fiction Planète interdite (1956) de Fred M. Wilcox adaptant La Tempête de Shakespeare. Ce même compositeur tchèque avait peu auparavant signé la partition du film tout aussi fameux de science-fiction Ikarie XB 1 (1963) de Jindrich Polák d'après un roman de Stanislas Lem, l'un des grands maîtres de la littérature de science-fiction, film qui influencera bien d'autres films anglo-saxons du même genre et qui lui même puisa de légères inspirations dans Planète interdite, mais dont la musique est assez différente tout en offrant également des structures touchant à une certaine forme de la musique concrète et où l'on y retrouve aussi certains effets spectraux de Planète interdite, le compositeur tchèque semblant avoir tout de même retenu particulièrement de la création de Louis et Bebe Barron son aspect « ludique » dirons-nous dont il s'est peut-être plus pleinement inspiré pour Le Bonhomme de Neige.
On doit ainsi la partition musicale de ce Bonhomme de Neige et ses effets sonores à Zdenek Liška (1922-1983), prolifique compositeur de musique de films en tous genres (Quand le diable s'en mêle, Katia et le crocodile, L’Incinérateur de cadavres, Les Oiseaux, les orphelins et les fous) ainsi que compositeur de musique pour des films documentaires et pour la télévision. Il œuvra également sur de nombreux films de Karel Zeman et Jan Švankmajer, et il fit de même et tout autant et plus encore pour Hermína Týrlová, notamment pour les trois courts-métrages de Ferda la fourmi en 1977 (certaines sources indiquent son nom pour la série germano-britannique de ce personnage mais c'est une erreur) ou la série des cinq courts-métrages du chat aux yeux bleus en 1974-76. Avec quelques autres artistes présents sur Le Bonhomme de Neige, il aura été un fidèle accompagnateur de l'univers de Hermína Týrlová de 1947 à 1978 apportant à celle-ci toute la richesse de sa créativité.

Dans ce court-métrage du Bonhomme de Neige, il est avant tout question d'une indéfectible amitié dont le ballon représente un lien particulièrement fort puisque c'est grâce à celui-ci que le bonhomme de neige sauve de l'eau glacée le petit garçon et que ce dernier sauve des chauds rayons du soleil le bonhomme de neige. C'est justement la même tournure des événements qui se produisaient déjà dans Conte de fée sur un fil avec le petit garçon qui, grâce à une boule de laine qu'il transporte avec lui, donne naissance à un petit mouton à qui il a donné forme en voulant créer un nuage pour se protéger du soleil et qu'il sauvera d'un lion voulant le dévorer ; le petit mouton sauvant à son tour le petit garçon souffrant de la chaleur du soleil de plomb, et ce en se transformant en un petit nuage lui envoyant quelques gouttes d'eau pour qu'il reprenne des forces.
On remarquera également que la déchirure que fait le bonhomme de neige dans le ciel, dans l'épaisseur de la couche nuageuse pour faire passer les rayons du soleil, est un détail utilisé en une autre mesure par Hermína Týrlová dans Le Tablier bleu / Modrá zásterka qu'elle réalisa un an avant Le Bonhomme de Neige (l'année où Trnka réalise La Main et dont on perçoit dans Le Tablier bleu comme une similitude dans la complexité à définir avec certitude la pensée de l'autrice pour son ouvrage). Dans cette histoire dont certaines images touchent à un surréalisme oppressant – entre des décors inspirés du cinéma de Zeman (fidèle de Hermína Týrlová présent sur Le Bonhomme de Neige, Antonín Horák œuvra à la photographie de plusieurs ouvrages de Zeman et fit de même sur Le Tablier bleu) et des effets d'atmosphère à venir de Švankmajer – avec une fin que l'on perçoit avec un sentiment de tristesse et dont l'artiste est peu coutumière, le personnage principal est un tablier qui libéré de sa corde à linge par une colombe joue avec elle en volant dans le ciel au dessus d'une étrange ville scrutatrice d'où émane des effluves de pollution (le coton dont est fait le tablier, autre textile que la laine ainsi que le papier plié dont est fait l'oiseau sont des matières que Hermína Týrlová aimait aussi à animer et l'on peut voir quelques autres vêtements prendre vie dans son œuvre, voire même une photographie comme dans Le Jour de la vengeance / Den odplaty en 1960 où il avait déjà une scène de noyade sans conséquence dans une histoire encore emplie d'originalité scénaristique et visuelle pour tout simplement souligner aux enfants qu'il leur faut prendre soin de leurs affaires et de ranger leur chambre comme il se doit). Puis après le survol des bâtiments, poursuivis par une sorte de serpent né de la matière noire crachée par une cheminée en forme de globe oculaire, le tablier bleu et la colombe se sont réfugiés dans des nuages de fleurs. Mais le serpent parvient à dévorer tous les nuages et tournoyant sur lui même afin d'attraper ses proies, il provoque comme un orage dont un éclair s'abat sur la colombe qui, brûlée, tombe au sol au pied d'un arbuste se séparant de quelques unes de ses fleurs afin de recouvrir le petit corps dont la vie s'est envolée (c'est probablement le seul personnage qui se meurt dans toute l'oeuvre de Hermína Týrlová et la statue de la vierge et son enfant sur laquelle se sont cachés le tablier bleu et la colombe pour échapper un temps au serpent est de fait une image prédestinée à rassurer, et à passer outre un degré de censure encore quelque peu présent concernant les références religieuses). Mais alors que le serpent continu à poursuivre le tablier bleu, un éclair provoque une déchirure dans le ciel et le vêtement s'y faufile et attend que le serpent en fasse autant pour en ressortir et refermer la déchirure. Pour ne point que celle-ci ne s'ouvre à nouveau, le tablier bleu se maintient en cet endroit du ciel et finit par devenir une étoile. Ainsi, bien que les deux courts-métrages soient très différents, Le Bonhomme de Neige et Le Tablier bleu se rejoignent au travers d'une déchirure dans le ciel.

Comme évoqué avec Le Bonhomme de Neige et Conte de fée sur un fil, Hermína Týrlová aimait à tisser comme un genre de corrélation entres les actions et ses personnages, ce qu'elle avait déjà fait également avec La Révolte des jouets à un autre niveau en touchant à la réalité historique et où ce sont les marionnettes qui vont mettre à mal le mal lui-même – le nazisme – alors que peu auparavant, dans les camps de concentrations allemands, il n'était pas accordé aux prisonniers de posséder même leur propre corps considéré comme de simples figurines. C'est aussi ici l'innocence, lié à l'enfance et à la rêverie, qui parvient à défaire les monstres du réel. Si Hermína Týrlová se moque ainsi des nazis juste après la fin de la guerre, elle a déjà défié en quelque sorte cette Allemagne pendant le conflit en réalisant en 1943 l'adaptation de Ferda la fourmi, et pour cause l'épouse de l'auteur était juive – c'est pour cela qu'il fut interdit à Ondrej Sekora d’exercé –, le couple allant d'ailleurs à ce moment-là en 1944-45 être faits prisonniers, elle en un camp de concentration, lui dans deux camps de travail (fort heureusement, ils survécurent et se retrouvèrent la guerre terminée). De plus, on peut alors considérer que l'araignée en fureur voyant lui échapper sa proie sauvée par Ferda est comme un double du dictateur et de l'expansionnisme du régime totalitaire de par les pattes de l'insecte couvrant toutes les directions, les références à la guerre se trouvant même sur l'escargot, un ami de Ferda, qui pour venir en aide à celui-ci, avance avec à son pied des chenilles tel un tank.

On notera encore, à propos de ces liens allant d'un film à un autre au travers de thèmes proches, cet autre exemple : un jeune garçon tourmenté et une petite fille angoissée en deux films mêlant prise de vue réelle et stop-motion avec Zvedavé psanícko (Une lettre très curieuse, 1961) où un jeune garçon s’inquiète de plus en plus de ne pas recevoir la lettre de sa maman alors qu'il est dans un camp de vacances, ladite lettre ayant bien été postée dans une boîte prévue à cet effet, mais cette lettre n'étant pas pressée d'arriver à destination et préférant échapper au passage du facteur pour partir se promener en ville.. Mais comme la poupée disparue d'une petite fille dans le jardin d'enfant suite à la précipitation des uns et des autres à quitter le lieu couvert par le vent et la pluie dans La Poupée perdue / Ztracená panenka (1959), la petite fille pleurant la perte de son jouet, la lettre finira dans les mains du jeune garçon comme la poupée courageuse retrouvant elle-même avec l'aide de quelques amies le chemin de la maison terminera son odyssée dans les bras de la petite fille. Ici, Hermína Týrlová se veut rassurante auprès de son jeune public en lui soufflant à l'esprit qu'il faut toujours garder espoir malgré le désespoir... ce qui était également le sentiment de Ondrej Sekora qui lors de son passage en camp de travail nazi conçut un petit ouvrage plein de légèreté, d'humour et d'espérance sur cette terrible expérience alors même qu'il la vivait.

S'ajoutent au Bonhomme de Neige parmi quelques autres diffusions télévisées francophones des œuvres de Hermína Týrlová, celle du court-métrage Garçons ou filles ou Petite fille ou petit garçon (Holcicka nebo chlapecek, 1966) le 22 août 1970 dans Colorix sur la 2ème chaîne de l'ORTF, ainsi que la série de cinq courts-métrages Le Chat aux yeux bleus ou Le Chat œil-bleu (Já a... / Z deníku kocoura Modroocka, 1974-76) en juillet 1981 à la télévision suisse romande, et le court-métrage Le Paradis du chien (Psí nebe, 1967) le 2 janvier 1976 sur TF1 dans la sélection « Ballade animée de Noël » où fut diffusé Le Bonhomme de Neige.

Quant au contexte de cette première diffusion télévisée française du Bonhomme de Neige de Hermína Týrlová

Lors des vacances scolaires de la période de Noël de 1975 , Solange Peter (1930-2019, grand nom de la télévision française à qui l'on doit notamment la création de la fameuse émission de sélection de films burlesques du cinéma muet Histoires sans paroles) proposa au sein de l'émission Pour les jeunes animée par Claude Pierrard en cette première année de TF1 une courte mais néanmoins agréable sélection de courts-métrages d'animation d'auteurs tchèques, plus particulièrement des ouvrages en stop-motion (à l'exception du premier), et ce sous l'intitulé « Ballade animée de Noël » (cette sélection ainsi nommée fut rediffusée, à nouveau pour les fêtes de fin d'année, en décembre 1978). C'est donc en cette « Ballade » que fut diffusé peut-être pour la première fois sur le petit écran Le Bonhomme de Neige de Hermína Týrlová.

Précédemment, Solange Peter s'était également intéressée à l'animation et à ses grands représentants en produisant et réalisant pour l'ORTF une série de documentaires intitulée L'Histoire du dessin animé ou Histoire et tendances du dessin animé (12 émissions x 25 minutes, diffusées du dimanche 12 décembre 1973 au dimanche 12 mai 1974 sur la 3ème chaîne de l'ORTF, avec une musique de Jean Wiéner). Dans cette série présentée par Robert Benayoun (1926-1996, critique, cinéaste et historien du septième art), nombre d'artistes furent évoqués comme marqueurs majeurs de ce cinéma : les frères Fleischer, Pat Sullivan, Walt Disney, Paul Grimault, Ladislas Starewitch, Norman McLaren, ou encore Jirí Trnka et Hermína Týrlová (le titre de cette série de documentaires usait du terme « dessin animé » bien que le sujet couvrait le cinéma d'animation dans ses différentes formes et techniques puisque l'animation de marionnettes en stop-motion y fut largement présentée).
Solange Peter profitait ainsi dans cette perspective de découverte de proposer à nouveau avec sa « Ballade animée de Noël » quelques chefs-d’œuvre de l'animation comme celui étant le sujet de la présente fiche et de voir ainsi peut-être pour certains leur première diffusion télévisée. Elle donnait aussi à voir avec ceux-ci d'autres « histoires sans paroles » que celles des films burlesques du cinéma muet proposés dans l'émission qu'elle produisait alors depuis 1964. On remarquera également que le titre de la sélection évoque l'animation au sens large du terme contrairement à la série de documentaires qu'elle avait précédemment produit et pour cause son contenu étant surtout occupé par des créations en stop-motion, le terme « dessin animé » aurait été peu approprié, comme il ne l'était pas pour la série de documentaires (entre les deux on peut ainsi déceler une plus juste utilisation concernant la terminologie sur le cinéma d'animation dont les premières grandes études ont été développées dans les années 50, notamment par André Martin).

Voici donc ce que fut le contenu de la programmation « Ballade animée de Noël », cela étant probablement l'intégrale de celle-ci (les 31 décembre et 1er janvier, il n'y a pas eu de diffusion de cette sélection car l'après-midi du mercredi était occupé par les Visiteurs dudit jour comme le mercredi précédent (mais pour la première fois en mode Visiteurs de Noël), et le jeudi du Nouvel an, il était notamment diffusé pour les 80 ans du cinéma un hommage à Charlie Chaplin alors âgé de 86 années) :

- Ballade animée de Noël n°1, lundi 22 décembre 1975 : Grand père a planté une betterave / Zasadíl dedek repu (1945) de Jirí Trnka.
- Ballade animée de Noël n°2, mardi 23 décembre 1975 : Il était une fois un père Noël / ?
- Ballade animée de Noël n°3, lundi 29 décembre 1975 : Le Clown Fanfaron / Fanfarón, maly klaun (1969) de Bretislav Pojar.
- Ballade animée de Noël n°4, mardi 30 décembre 1975 : Le Bonhomme de Neige / Snehulák (1966) de Hermína Týrlová.
- Ballade animée de Noël n°5, vendredi 2 janvier 1976 : Le Paradis du chien / Psí nebe (1967) de Hermína Týrlová.
- Ballade animée de Noël n°6, vendredi 2 janvier 1976 : Chansonnette pour débris de verre /Písnicka pro sklícka (1967) de Václav Bedrich.

On notera encore qu'un précédent programme du même genre fut proposé sur la RTF en 1963-64 et 1ère chaîne de l'ORTF en 1964-65. Intitulé « Ballades Animées », il était présenté par le cinéaste Arlen Papazian et proposait de découvrir des courts-métrages d'animation polonais dont Aventures dans la forêt de Tadeusz Wilkosz.

Auteur : Captain Jack
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Snehulák © Krátký Film Praha as, Filmové Studio Gottwaldov
Fiche publiée le 20 avril 2018 - Dernière modification le 02 novembre 2022 - Lue 9439 fois