Maison vole

Fiche technique
OrigineFrance
Année de production1982
ProductionINA, Sogitec Audiovisuel
Durée2 minutes
AuteurAndré Martin
RéalisationAndré Martin, Philippe Quéau
Assistant-réalisationMyriam Feuilloley, Clément Martin
ScénariiAndré Martin
AnimationClaude Mechoulam, Xavier Nicolas
MontageFrançoise Laporte
MusiquesGeneviève Martin
Diffusions
1ère diffusion hertzienne4 février 1983 (Antenne 2)
Rediffusions7 février 1983 (Antenne 2 - Juste une image)
11 juin 1983 (Antenne 2 - La Guerre des p'tits mickeys)
Synopsis

Fuyant le bruit et la pollution de la ville, une petite maison s’envole. Au-delà des nuages, elle flotte, rejointe par sa clôture de jardin et par des arbres… avant de se désagréger tandis que le mobilier s’installe sur la lune.

Commentaires

En dehors de quelques expérimentations menées dans des laboratoires ou des centres informatiques, Maison vole réalisé en 1982 constitue – médiatiquement parlant – le premier court-métrage d’animation français en images de synthèse. Le projet naît de l’initiative d’André Martin : critique, réalisateur, théoricien du cinéma d’animation, co-fondateur du festival d’Annecy, il fait partie des rares figures du milieu à s’intéresser aux images générées par ordinateur qui suscitent alors inquiétude et rejet de la part des animateurs traditionnels durant la fin des années 1970. C’est en tant que chercheur au Département de la Recherche Prospective à l’INA et témoin des mutations de l’industrie de l’audiovisuel que Martin souhaite démontrer les possibilités de ce qu’on appelle encore les « nouvelles images ». Pour cela, il s’associe avec la firme Sogitec, spécialisée dans la conception de simulateurs de vol pour le groupe Dassault et qui, depuis la fin de l’année 1982, souhaite étendre son activité dans l’audiovisuel en concevant des films durant les nuits et les week-ends. À ce regroupement de forces s’ajoute Myriam Feuilloley, diplômée de l’ENSAD spécialisée en vidéo analogique, qui se chargera de la partie graphique.

Artistes et ingénieurs sont donc réunis autour de ce défi technique consistant à raconter une histoire à partir d’outils aux capacités limitées. Entre les multiples réunions avec Sogitec et les discussions autour du sujet du film (lequel doit reposer sur un objet simple à modéliser, pouvant être vu dans tous les sens et déstructuré facette par facette), le story-board est élaboré sur plus d’un mois. André Martin suggère l’idée d’une petite maison qui fuirait la grisaille quotidienne pour partir dans l’espace.
Sogitec n’ayant qu’un logiciel de modélisation pour les dénivelés de terrain et un autre logiciel de gestion de caméra en temps réel pour les simulations de vol, un outil d’animation est développé à la hâte pour concevoir Maison vole. L’équipe se heurte à de multiples problèmes techniques, notamment du côté de la prise de vues via une caméra 35 mm reliée à une console dont le déclenchement aléatoire retardera la sortie du film : le manque d’espace mémoire obligeait à effacer les images au fur et à mesure et à devoir tout recommencer en cas de bug. Certains accidents graphiques finissent toutefois par être intégrés au film comme le défaut de couleur présent sur le plan d’ouverture qui servira à créer une ambiance orageuse, bruit de tonnerre à l’appui. La partie sonore est assurée par 4X, un processeur numérique développé par l’IRCAM et Sogitec pour le bruitage des simulateurs de vol. Geneviève Martin, l’épouse du réalisateur, propose une musique bigarrée faite de nappes de synthé lancinantes, de bleeps fourmillants et de percussions métalliques qui accompagnent le ballet léger et rêveur de cette petite maison dérivant dans l’espace.

Le film est présenté durant le JT d’Antenne 2 le 4 février 1983 ainsi qu’au Forum International des Nouvelles Images (le futur Imagina) dont le responsable du programme, Philippe Quéau, est crédité au générique de Maison vole comme coréalisateur bien qu’il n’eût qu’un rôle de soutien assez éloigné. Le résultat est accueilli avec enthousiasme par le public et les professionnels, prouvant ainsi au niveau français les perspectives offertes par l’image de synthèse dont l’histoire ne fait alors que commencer…

Auteur : Klaark
Sources :
Pierre Hénon, Une histoire française de l’animation numérique, EnsAD éditions, 2018.
Cécile Welker, La Fabrique des "Nouvelles Images" : l’émergence des images de synthèse en France dans la création audiovisuelle (1968-1989), thèse de doctorat en Arts et sciences de l’art, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3, 2015.
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© André Martin / INA, Sogitec Audiovisuel
Fiche publiée le 28 mai 2024 - Lue 1616 fois