Kill Bill - O-Ren Ishii's story (segment animé)

Battue et laissée pour morte le jour de son mariage par le gang des Vipères Assassines auquel elle a jadis appartenu, "la mariée" telle qu'on l'appelle (de son vrai nom Béatrix Kiddo), entreprend une opération de vengeance lorsqu'elle sort du coma quatre ans plus tard.
Sa première cible est la redoutable O-Ren Ishii, devenue entre-temps la reine de la Pègre japonaise.

La séquence animée relatée ici, conte les origines sanglantes de celle-ci, et explique comment elle est devenue une redoutable tueuse dénuée de scrupules, dès lors qu'à l'âge de neuf ans elle fut témoin du meurtre de ses parents par une bande de yakuzas.

Il est de notoriété publique que le réalisateur Quentin Tarantino aime rendre hommage à divers genres cinématographiques, parfois même certains films en particulier, au travers de ses propres oeuvres.
Lorsqu'il réalise le diptyque "Kill Bill" en 2003, il met tout son amour pour la culture asiatique en scène, au travers d'une histoire de vengeance qui revisite à sa façon les films de kung fu et de samouraïs.

Au sein du premier film (Kill Bill volume 1), il concrétise l'idée audacieuse de raconter les origines tragiques et violentes de la criminelle O-Ren Ishii sous forme d'une séquence animée de près de huit minutes.
Se rapprochant du studio japonais I.G., dont il avait adoré les productions telles que Blood the last vampire ou le cultissime Ghost in the Shell, Tarantino dresse le scénario d'une séquence dynamique laissant la part belle à une violence très graphique et décomplexée. Un an sera nécessaire pour réaliser ces huit minutes !
Le résultat est sans fioritures. La séquence est hyper violente, proposant d'abondantes giclées de sang, dans un style typiquement japonais, et dans la veine de ce que sera le fameux combat que livrera plus tard dans le film (cette fois en prises de vue réelles) Uma Thurman contre les 80 guerriers armés de sabres. Le réalisateur pousse ainsi l'hommage au Japon à son paroxysme, en exploitant l'art de l'animation si caractéristique de ce pays pour sublimer les flashbacks dans un déluge d'horreurs visuelles, qu'il aurait très bien pu filmer en live... Démembrements, balles perforant des têtes ou arrachant des jambes, exécution au sabre... Rien n'est épargné dans cette séquence mémorable aux zooms et mouvements rapides, rythmant une animation soignée et remarquablement mise en scène.

Tarantino se sera également inspiré d'un film indien de 2001, "Aalavandhan", qui mêlait au détour de ses séquences d'action, des scènes réalisées en dessin animé étonnantes.
A l'origine, la séquence devait durer beaucoup plus longtemps et développer l'un des méchants aperçus au début de celle-ci (le yakuza aux cheveux longs) mais les délais imposés pour finaliser le film ne permettaient pas d'aller plus en profondeur dans sa réalisation et Tarantino dut se résigner. De plus, le studio fit comprendre au réalisateur qu'il était impensable d'insérer une animation de près de 30 minutes (comme voulu initialement !) au milieu d'un film live déjà beaucoup trop long. Il faut rappeler qu'à l'origine, Kill Bill devait être un film unique de quatre heures, qui fut divisé en deux au cinéma pour proposer une durée plus acceptable et viable au long métrage.
Une rumeur fait état d'une version longue qui regrouperait les deux films dans une édition intégrale, avec la séquence animée rallongée selon le scénario initial. Elle était pressentie, selon les dires de Tarantino, en 2015 mais cette version n'a à ce jour, jamais été montrée et semble, jusqu'à preuve du contraire, tenir du fantasme.

Si on doit aborder le sujet global du film Kill Bill, on se plaira à souligner la présence d'un duo japonais iconique puisque Sonny Chiba et Kenji Oba sont présents. Tarantino était fan de Chiba et de ses prouesses martiales, d'où sa présence au casting. Pour le public français, ces apparitions sont tout à fait savoureuses puisque les deux acteurs apparurent dans la série culte X-Or diffusée dans les années 80...

Planete Jeunesse traitant de l'animation en général, il était attendu de réaliser une fiche sur le segment animé de Kill Bill et son staff. Néanmoins, il est important de préciser que cette séquence est totalement dépendante du film en question, et qu'elle n'a jamais été proposée en dehors du long métrage et n'a pas vocation à l'être...